mercredi 3 mars 2010
...Phénomène de la patate chaude...
L’ados impossible, c’est celui dont personne ne veut, mais c’est surtout celui qui ne veut rien. On ne veut pas de lui, et il ne nous veut pas. A peine admis quelque part, l’institution veut s’en débarrasser. C’est le syndrome de la « patate chaude », ce qui laisse entrevoir un certain refus de se laisser entamer par cette souffrance destructive et auto-destructive. La patate chaude qu’on se refile, avant même d’en retirer la première peau, avant même de savoir de quelle chair blessée elle est faite. Cette patate, c’est un enfant en souffrance, et elle brûle, mais ce qu’on oublie, c’est qu’il se brûle aussi, il brûle ce qui l’entoure, mais aussi de qui appartient au domaine public, donc ce qui lui appartient : bus, foyer, salle de sport, cabine téléphonique.. L’agression se retourne contre eux, elle est suicidaire. S’il en est ainsi aujourd’hui, c’est qu’autrefois cet enfant fut maltraité, ou plutôt traité mal, physiquement ou psychologiquement : Abandons, rejets, violences, indifférence ou amour étouffant. Souvent des liens en manque, entre parents et enfants. Pour reconnaître autrui, il faut d’abord se reconnaître, il faut avoir été reconnu. Si la détresse est là, elle est enfouie, archaïque, ils la recouvrent – pour s’en protéger – d’une chape de plomb, ils la bétonnent. Et cette détresse ignorée qui n’émerge pas comme affecte. Ils ne sont pas déprimés, ils ne sont pas angoissés, ils n’accèdent pas à la culpabilité – c’est ce qui les rend inaccessible. Ces enfants là ne demandent rien, ils prennent. Ils n’accèdent « pas au gré à gré » mais sont restés au stade de l’enfant, celui du « gré ou de force ». ce sont des enfants qui n’attendent rien de l’autre, à force d’avoir trop attendu, pour rien. Leur confiance, celle qui fait que tout nouveau-né est dépendant de sa mère, qu’il lui doit tout dans les premiers mois de sa vie, s’est transformée en défiance. Ils ne savent pas qu’ils souffrent, parce que leur douleur psychique est absorbée dans la haine de l’autre, le rival qui respire son air, celui qui posséderait ce dont il manque. L’angoisse est consciente, déplacée sur un affect de haine de l’autre et d’eux-mêmes, pour s’évacuer dans les passages de l’acte. Lui ou moi.. L’autre possède ce qui lui manque : l’objet volé, c’est l’objet magique, le trésor rapté à l’autre supposé détenir ce qui lui fait défaut, l’objet-bouchon, qui va imaginairement le réparer en effaçant ses blessures et ses désillusions. Mais comme cet objet ne suffit jamais à remplir le gouffre des carences affectives, on assiste souvent à l’escalade de l’action. Ils agit, en mal, pour son bien, alors qu’il ne vit pas et ne ressent jamais assez ce bien. Jusqu’à détruire cet objet même qui ne suffit pas. On le voit, ils se détruisent eux-mêmes en détruisant leurs propres lieux de rencontres. Par ce comportement, celui qui ne manque pas est intimidé et comble ainsi quelque peu le besoin de reconnaissance dont il manque. Ils détruisent car ils pensent qu’ils n’ont rien à perdre, aussi ils espèrent gagné autrement. Ils espèrent échapper à ce Rien qu’il croit être, en essayant de vivre le Tout. Putain, qu’est ce que c’est mal foutu dans nos têtes ! Le TT : juste pour son quartier!
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