mercredi 3 mars 2010
Des maux à panser...
J’ai 25 ans aujourd hui. Bon annif mon pote! Appelez-moi Stenton, Arch Stenton. Mais mon vrai nom c’est TT. Choisissez. Je suis né dans une des favelas françaises, un " bario " comme l’appellent mes collègues rifains. Une favela, un bario en France, eh ouai ! Il a fallu attendre les émeutes de l’hiver 2005/2006 pour que la France daigne prendre en compte –ou se voit contrainte de prendre en compte- l’existence agonisante de ses banlieues. Bref, chez moi, on n’appelle pas mon quartier la cité, la zone de non droit, la zup, la zep. Rien de tout cela. Mon quartier, mon bloc, ma rue, mes caves et le reste qui va avec : Tout cela forme ce qu’on appelle communément les Biscottes. Pourquoi un tel nom pour un quartier français ? Tout simplement car avant de les détruire il y a quelques 15/16 ans de cela, mon quartier réunissait une grande partie de la plèbe du nord dans deux bâtiments : les deux plus grosses barres de la région Nord, à l’époque. Deux barres de 18 étages, et bien sûr, plus larges encore qu’elles n’étaient déjà trop hautes, d’où leurs apparentes formes de biscuits… Et comme les anciens trouvaient que le quartier avait un goût sec et amer, ils le surnommèrent Biscottes, de ces mêmes galettes sèches et amères. Lesdites Biscottes ont forgé ma personnalité et celles de ses habitants, au moins autant que nos réciproques familles, histoires, succès et échecs. Les Biscottes sont ma carte d’identité, mon livret de famille. Tout y est. Ceux qui connaissent ce bario, me connaissent, nous connaissent. Ceux qui prétendraient me connaître et ne savent rien de ce quartier se trompent. Ils ne me connaissent pas, bien qu’ils le croient. A l’image des élus locaux, de gauche comme de droite, prétendant nous comprendre mais ne connaissant rien de l’essence même de ce quartier ; de ses rouages. C’est donc tout cet ensemble qui fait mon identité et celles de mes semblables. Nous y sommes donc attachés et le défendrons, quoi qu’il arrive, contre toute personne lui voulant du mal, avec la même ferveur, la même impétuosité ; et autant d’ardeur et de fougue qu’il en serait nécessaire. A suivre...
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